Au Québec, cela fait près de 40 ans que les chiens d’assistance ont fait leur apparition. Autrefois, majoritairement utilisés dans le but d’aider des personnes non voyantes, leur orientation est désormais beaucoup plus élargie. Voici une liste non exhaustive des conditions médicales pouvant nécessiter l’accompagnement d’un chien d’assistance :
- Mobilité réduite
- Syndrome du spectre de l’autisme
- Trouble de stress post-traumatique
- Troubles sévères d’anxiété (ex : anxiété généralisée ou phobie sociale)
- Surdité
- Cécité
- Épilepsie
- Syndrome de Gilles de la Tourette
- Diabète
Malgré leur évolution, ce domaine est très peu réglementé au Canada, à l’exception de la Colombie-Britannique, l’Alberta ainsi que la Nouvelle-Écosse, où des programmes ont été mis en place par le gouvernement afin de réglementer la certification de chiens d’assistance entraînés par le.la bénéficiaire, c’est-à-dire qui ne sont pas entraînés par une école ou un organisme préalablement approuvé.
Au Québec, il n’y a malheureusement que très peu d’informations disponibles – autant pour les futur.e.s bénéficiaires que pour les spécialistes.
Contexte légal des chiens d'assistance
Les chiens d’assistance sont protégés aux yeux de la loi, en vertu de l’article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne qui stipule que « Toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, […] le handicap ou l’utilisation d’un moyen pour pallier ce handicap. » (Légis Québec, 2020).
Selon la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, le terme handicap réfère à un « désavantage qui vous limite physiquement, mentalement ou psychologiquement » et le moyen pour pallier ce handicap peut être l’utilisation d’un chien-guide ou d’un chien d’assistance.
C’est d’ailleurs en 1982 qu’un premier jugement a été émis par les tribunaux québécois attestant que nul ne peut « exercer de la discrimination à l’endroit des personnes qui ont recours à un chien guide ou à un chien d’assistance. » (CDPDJ, s.d.).
Chien d'assistance, de zoothérapie et de soutien émotionnel
Il faut d’abord savoir que ces différentes appellations ne sont protégées par aucun ordre ni loi au Québec. Leur interprétation peut donc varier. Afin de simplifier votre compréhension, voici brièvement leurs principales distinctions.
Un chien d’assistance est un chien entraîné dans le but de pallier le handicap de son.sa bénéficiaire au quotidien; il connaît des tâches pour répondre à des besoins spécifiques. Ce type de chien possède un accès public complet, c’est-à-dire qu’il est admis dans tous les lieux publics qui sont normalement refusés aux chiens (ex : transports en commun, restaurants, écoles, magasins, etc.).
Le chien de zoothérapie accompagne un professionnel formé en zoothérapie dans le cadre d’interventions assistées par l’animal afin de travailler des besoins ciblés chez un.e client.e. Ce chien, communément appelé dans le milieu animal partenaire d’intervention en zoothérapie (APIZ), est sélectionné et entraîné pour travailler auprès de diverses clientèles. (CZQ, s.d.) Il ne possède aucun accès public, à l’exception des partenaires avec lesquels l’intervenant obtient des contrats. Exemples de clientèles : aînés, personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme, enfants ayant des difficultés de comportement, personnes ayant une déficience intellectuelle et plus encore.
Un chien de soutien émotionnel est un chien qui réconforte par sa simple présence, il ne requiert donc aucune formation. Puisqu’il n’est pas reconnu par les Tribunaux comme étant un moyen pour pallier un handicap, il est donc restreint quant à l’accès aux lieux publics. En d’autres mots, il est admis uniquement dans les endroits “dog friendly”. Cela dit, une personne désirant être accompagnée par un chien de soutien émotionnel peut tout de même faire une demande d’accommodement raisonnable auprès d’un établissement. (CDPDJ, 2022).
Le chien d’accompagnement / d’intervention est intégré par un professionnel dans un milieu ciblé, par exemple : auprès des paramédics, dans une école, une ressource communautaire. Il est sélectionné et entraîné pour interagir avec plusieurs individus. Il apporte bien-être et réconfort, et permet d’optimiser la cohésion sociale au sein des travailleurs et de la clientèle. (Bienfaits Canins, 2021).
Le quotidien avec un chien d'assistance
Tout d’abord, il faut savoir qu’être accompagné par un chien d’assistance ne fera pas disparaître le handicap, mais il permettra plutôt d’atténuer certains symptômes. Le but étant de permettre à l’individu de regagner un niveau d’autonomie et de favoriser sa réadaptation.
Voici quelques exemples de tâches concrètes :
- Interruption de comportements : ex. le chien vient donner des coups de museau sur la main de la personne lorsque celle-ci se gratte de façon excessive.
- Sortie d’un lieu : ex. le chien va guider son bénéficiaire pour sortir d’un lieu, en cas de crise.
- Pressothérapie : ex. le chien vient se coucher sur la personne ce qui peut créer un effet apaisant (un peu comme les fameuses couvertures lestées !)
- Aide physique : ex. le chien ramasse les objets qui tombent au sol pour les redonner à son bénéficiaire.
Au quotidien, il arrive parfois d’être confronté à certains défis. Par exemple, les problèmes d’accès arrivent malheureusement encore bien trop souvent… C’est pourquoi la sensibilisation à la cause des chiens d’assistance est primordiale ! En cas de refus, il est possible d’entreprendre des démarches auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse afin de faire valoir son droit d’être accompagné par l’animal. Cependant, si le chien est en entraînement, dans ce cas l’établissement n’est pas dans l’obligation d’accepter le chien. (CDPDJ, 2022).
Autre situation : les premières sorties avec le chien d’assistance peuvent au contraire venir accentuer certains symptômes. Par exemple, pour une personne souffrant d’anxiété sociale et qui aura plus de regards sur elle (ou plutôt sur son chien) lors des sorties.
Dernier exemple : la pression sociale d’avoir un chien “parfait”. Les individus nécessitant l’accompagnement d’un chien d’assistance ont tendance à se mettre beaucoup de pression sur les épaules pour que celui-ci soit parfait en public. Or, si le chien est en période d’apprentissage, il est normal qu’il y ait quelques régressions pendant son parcours. De plus, même pour un chien en service depuis plusieurs années, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un être vivant, il lui arrive aussi d’avoir de moins bonnes journées !
Bref, le chien d’assistance n’est pas fait pour tous. Il faut considérer qu’à travers tout ce processus, il y aura certainement des hauts et des bas. C’est pourquoi il est important de faire un choix éclairé avant de débuter cette aventure !
Entraînement du chien d'assistance
Comment puis-je obtenir un chien d’assistance au Québec ? Tel que mentionné précédemment, il n’existe aucun critère officiel de certification pour le moment. Dans tous les cas, la première étape est de prévoir une rencontre votre équipe traitante pour permettre d’évaluer vos besoins, puis d’obtenir, dans le cas échéant, une prescription médicale confirmant la présence d’une condition pouvant nécessité l’accompagnement d’un chien d’assistance.
Pour l’entraînement, voici les 3 options les plus communes :
- L’entraînement d’un chien déjà présent au domicile. Il peut s’agir d’une belle opportunité pour les personnes ayant déjà un chien. Évidemment, celui-ci devra se faire évaluer par un éducateur canin (tempérament et obéissance) afin de voir s’il détient les qualifications afin de devenir chien d’assistance. Par exemple, si votre chien saute sur les gens il sera nécessaire de l’éduquer à ne plus le faire avant toute chose. De même que si votre chien tire beaucoup en laisse ! Ceci étant dit, si votre chien se qualifie, il pourra entamer sa formation selon les critères établis par l’organisme ou l’école privée.
- L’acquisition d’un chien dans le but de l’entraîner comme chien d’assistance. Qu’il s’agisse d’un chiot ou d’un chien d’âge adulte, cette avenue est également possible auprès de certains organismes / entreprises. Ce processus devrait se faire avec un accompagnement, afin d’optimiser les chances de réussite vers la certification.
- Recevoir un chien déjà entraîné par un organisme / entreprise. Cette option est très prisée puisqu’elle permet au bénéficiaire d’obtenir un chien d’assistance déjà entraîné. Bien que le délai d’attente soit considérable, cette option réduit fortement les risques d’échecs en raison de la prise en charge complète du processus par une équipe spécialisée.
Veuillez prendre note que chaque organisme / école privée a son propre processus et divers formulaires à remplir.
Choisir un organisme ou une école privée pour l'entraînement de son chien d'assistance
Pour vous guider dans votre choix, il est important de se pencher sur les aspects suivants. Tout d’abord, il faut vous assurer que l’intervenant.e en comportement canin a des connaissances à jour, basées sur la science, afin de vous accompagner adéquatement. D’ailleurs, il.elle devrait suivre des formations continues afin de s’assurer de maintenir ses acquis et ses connaissances à jour.
Cela signifie, par le fait même, que l’intervenant.e devrait utiliser des méthodes douces et bienveillantes, notamment le renforcement positif. Cette méthode est basée, entre autres, sur l’apprentissage par motivation et sur le respect de l’animal. N’hésitez pas à poser vos questions (années d’expérience, références, diplômes, etc.) et à faire des vérifications, s’il y a lieu. Pour comprendre l’impact des punitions ou des méthodes coercitives sur votre chien, consultez notre article sur le sujet.
De plus, l’organisme ou l’entreprise devrait compter parmi les membres de son équipe une personne formée en relation d’aide, dans le but d’accompagner les bénéficiaires vivant des difficultés et/ou défis liés à l’accompagnement du chien d’assistance. Autrement, assurez-vous minimalement d’avoir un bon suivi avec votre équipe traitante et, au besoin, une liste de ressources mise à votre disposition. Une bonne équipe qui saura vous guider tout au long de cette aventure, ça n’a pas de prix !
Conclusion
Pour conclure, bien qu’il vous viendra en aide avec votre condition, il faut garder en tête que le chien d’assistance sera avant tout un compagnon de vie qui partagera votre quotidien. Nous vous invitons à poursuivre vos réflexions afin de prendre la meilleure décision pour VOUS !
Sources :
Baron-Courcy, G. (2021). Le chien d’accompagnement social. Bienfaits Canins. https://www.bienfaitscanins.ca/accompagnementsocial
Charte des droits et libertés de la personne. Éditeur officiel du Québec. (2022, 2 juin). https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/C-12
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. (2022). Les animaux utilisés pour pallier un handicap. https://www.cdpdj.qc.ca/fr/vos-obligations/motifs-interdits/handicap-animaux
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. (s.d.). Chien d’assistance / Chien guide. https://www.cdpdj.qc.ca/fr/nos-positions/enjeux/chien-dassistance-chien-guide
Corporation des zoothérapeutes du Québec. (s.d.). Qu’est-ce que la zoothérapie ? https://membres.corpozootherapeute.com/zootherapie/
Article rédigé par
Émilie Veillette